Historique En 1966, les Sœurs de Notre-Dame (coin de la rue de l’Arbre Bénit et de la rue Mercelis à Ixelles) vendirent une partie de leur couvent dont la chapelle. L’orgue, construit par Merklin, en 1857 et restauré par Haupt en 1934 (qui en réduisit les proportions) fut acheté par le facteur Alphonse Joris de Hasselt qui cherchait à le revendre.
Suite à sa récente démission à la tribune de la Collégiale Sainte-Waudru à Mons où il fut titulaire de 1954 à 1963, Paul Barras rêvait d’acquérir un orgue et pensait l’installer dans un chalet au fond de son jardin à Chaumont-Gistoux. Son cousin l’en dissuada.
Paul Barras décida toutefois d’acheter l’instrument des Sœurs de Notre-Dame et obtint l’autorisation de le placer sur la tribune de l’église du Divin Sauveur, paroisse s’étendant sur les communes de Woluwe-Saint-Lambert et de Schaerbeek. Cette église possédait un orgue de piètre qualité (Slootmaeckers) et Joris le démonta, espérant le revendre à un particulier.
L’orgue des Sœurs de Notre-Dame, dorénavant propriété de Paul Barras, fut livré en caisses par Joris et c’est André Rousseau, accordeur de pianos et facteur d'orgues de la région de Manage, qui le remonta sous la surveillance de l’expert Georges de Martelaere (gantois d’origine, professeur d’accordage à l’Institut des Aveugles. Son père fabriquait des orgues de kermesse).
Une convention fut signée entre la Fabrique et le propriétaire. Dès l’installation, l’instrument fut doté d’un nouveau pédalier qu’André Rousseau fit construire par un menuisier de Manage. Un sommier électrique de cinq jeux fut construit et placé dans l’arcade latérale du jubé. La Pédale nouvellement construite comprend les jeux suivants: Bourdon 16’(provenant du Grand-orgue), Flûte 8’, Flûte 4', Mixture 3r (provenant du Grand-orgue), Bombarde 16’. Les claviers mécaniques à l’origine, ne pouvant, selon l’expert, résister à l’action du chauffage, il fut donc décidé d’électrifier les commandes de traction, les sommiers restant toutefois à registres. Une nouvelle console est livrée par la maison Laukhuff.
Les deux sommiers à glissières furent garnis comme suit :
- Grand-Orgue : Montre 8’, Bourdon 8’, Prestant 4’, Flûte 4’ (nouvelle), Doublette 2’,
Larigot 1'1/3 (nouveau), Mixture 3r (nouvelle), Trompette 8’.
- Positif (sans boîte expressive par manque de place) : Bourdon 8’ (nouveau), Flûte 4’, Flûte 2' (nouvelle), Sesquialter 2r (nouvelle), Cymbale (nouvelle), Régale 8’.
Au cours des années 1970, l’entretien de l’instrument fut confié à la firme Verschueren de Tongres, qui ajouta un Basson 16' au pédalier et y supprima la Mixture. En 1985, plusieurs jeux furent renouvelés: - au Grand-Orgue: le Prestant, la Doublette, la Mixture et la Trompette, ainsi que la partie supérieure de la Montre. - au Positif : la Sesquialter et la Cymbale, tandis que la Régale fut remplacée par un Hautbois.
En Pédale, le Basson 16' fut supprimé et la Bombarde 16', munie de corps à mi-longueur.
L’instrument fut recouvert d’un toit. L’harmonisation fut revue par Karl Glockner.
Lorsque Paul Barras prit sa retraite en juin 1988, il céda l’instrument à la paroisse.
Sa composition finale est la suivante :
Grand-Orgue Positif Pédale
Montre 8 Bourdon 8 Sous-basse 16
Bourdon 8 Flûte à cheminée 4 Flûte 8
Prestant 4 Flûte 2 Choral-flûte 4
Flûte 4 Sesquialter 2 rangs Bombarde 16
Doublette 2 Cymbale 2 rangs
Larigot 1'1/3 Hautbois 8
Mixture 3 rangs
Trompette 8
P + I Tutti Annulateur Trompette
P + II Vibraphone (= trémolo II) Annulateur Hautbois
I + II Annulateur Bombarde
Claviers de 56 notes, pédalier de 30 notes
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Source : Bernard CARLIER, Une redécouverte: l'orgue du Divin-Sauveur à Woluwe-Saint-Lambert, in, L'Organiste, 39e année, n° 154, pp. 55-56.
D'après Paul Barras (contact avec François Houtart) :
l'orgue n'est plus d'entretenu depuis 1993. Paul Barras avait été mis au courant de la vente de l'instrument par le professeur d'accordage de l'Institut des Aveugles. Après quelques mois, l'orgue, repris par Jooris de Hasselt, arrive en 1966 au Divin-Sauveur et c'est André Rousseau qui en fera le montage, apportera des modifications de jeux et qui l'entretiendra jusqu'en 1973. Après lui, ce sera Karl Glockner, harmoniste chez Verschueren.
A l'origine il s'agit d'un instrument mécanique à deux claviers avec des jeux de Pédale empruntés au clavier. On l'attribuerait à Pierre Schyven, les premières transformations étant de Joris.
L'organiste du Divin-Sauveur était Richard Maane qui n'utilisait pas le grand orgue et qui a quitté peu de temps après pour aller à Saint-Julien semble-t-il.
De 1970 à 1988, Paul Barras joue le dimanche (pas régulièrement) la messe grégorienne avec M. Wampach comme dirigeant.
C'est en 1968 que commence l'organisation de concerts d'orgue "Les mardis du mois de mai". De nombreux organistes belges et étrangers sont venus se produire dont Michael Schneider, Jean Guillou (offrande musicale de Bach + improvisation sur quatre thèmes), Marie-Claire Alain, Pierre Cochereau, Léopold Sluys, Jozef Sluys, Stanislas Deriemaker, Luc Dupuis, François Houtart, Flor Peeters (dans ses oeuvres), E. Marchand, Dominique Bodson (dans des oeuvres de Paul-Baudouin Michel), Elisabeth Tornburn, Félix Snyers avec André Philippe à la trompette, Kamiel D'Hooghe, etc. Des choeurs sont également venus se produire dont certains en provenance d'Aix ou de Waterloo (Pastoureaux).
En 1986, l'orgue est restauré et subit des changements de jeux. C'est l'occasion de donner un concert en collaboration avec l'Académie de Musique de Woluwe-Saint-Lambert dirigée, à l'époque, par Paul-Baudouin Michel, directeur. Paul Barras jouera le Boléro de Ravel en vue d'illustrer les différents jeux de solo de l'orgue.
"Transphonie pour 5 nefs" (éditée au Cebedem) est une oeuvre de Paul-Baudouin Michel qu'a jouée Paul Barras, notamment au Divin-Sauveur et à la cathédrale de Namur.
L'orgue a également servi pour les cours d'académié de 1968 à 1988, époque où Paul Barras en était le professeur. Celui-ci a encore joué quelques messes jusque 1992. Il est depuis 2004 organiste à la chapelle de Linthout.
Paul Barras a réalisé environ 170 prises de son dont certaines d'une heure et demi dont il a conservé 70 à 80 enregistrements au Divin-Sauveur et ailleurs (Notre-Dame de Paris). Outre des oeuvres du grand répertoire, il y a aussi des improvisations sur des thèmes divers.
Marie-Rose Broux est actuellement organiste au Divin-Sauveur.
DOCUMENTATION
Type Enregistrements
Description Environ 70 à 80 prises de son par enregistreurs (en majorité avec Revox) de concerts, et séances où Paul Barras improvise ou joue le grand répertoire de Bach, Vierne, etc.
Références Chez Paul Barras